Un Sigurd Eppegard sinon rien ( délai prolongé )

   Rien ne me prédisposait à devenir navigateur. Petit, je ne savais pas nager. Pourtant, c'est bien la première chose que l'on apprend à un jeune viking. Les choses sont venues après. Tout arrive toujours après pour moi. Je ne prévois jamais rien. Je suis un impulsif. Cela me joue souvent des tours mais si c'était à refaire, je referais exactement les mêmes bêtises. La vie est trop courte. Je veux la vivre intensément. J'aime aussi me battre, boire, manger, prendre les femmes des autres. Je ne suis pas ce que l'on appellerait un violent de nature. Un être parfois doux et romantique, nostalgique du passé et de nos histoires. J'aurais aimé être conteur de légendes. Mon père me les racontait, enfant. Quand je serai vieux et usé par les batailles, je deviendrais un vieillard que tout le monde écoutera. Avec ses vieilles histoires qui font notre existence et notre raison d'être.

A huit ans, mes amis décidèrent que c'en était assez. Ils ne voulaient pas avoir pour compagnon un lâche, une femmelette qui se débattrait dans l'eau en poussant de grands cris. Tous rêvaient de devenir des navigateurs et de parcourir le monde pour agrandir nos terres. Ils m'avaient tendu un piège en m'amenant au bord de la falaise et Baldr Gunnarson me poussa et me laissa refaire surface. En remontant, je me jetais sur lui et nous échangeâmes nos poings. Je sortis mon poignard et lui, le sien. Il devint mon meilleur ami. A la vie, à la mort. Je lui dois ma première cicatrice sur le visage. La moins grande et la plus valeureuse, à mes yeux. Un pacte de sang.