Einar Sigurdson

Depuis ma tendre enfance, j’ai appris que la discrétion et l’observation sont deux qualités nécessaires que ce soit pour les parties de chasse, la guerre ou la politique. Rien de mieux que de se placer dans un coin sombre d’une pièce pour entendre les conversations, comprendre les manigances des un et des autres. Ces compétences m’ont permis d’acquérir nombre de connaissances en matière de négociation, de combat mais surtout cela m’a permis de devenir le grand navigateur que je suis.
Je me considère comme plus érudit que la plupart de mes congénères bien que je ne le montre guère. Même si je pense que les lois de la nature ont plus d’impact sur nos vies que les dieux, cela ne m’empêche pas de les vénérer en particulier Odin, Thor et Njörd à qui je montre ma fidélité en arborant fièrement des tatouages à leur gloire sur mes bras et mon dos.
Avec les années, mon habilité s’est développée. Qu’elle soit physique ou mentale, elle me permet de saisir les bonnes opportunités tout en restant prudent (parfois trop) et pointilleux sur la manière d’accomplir mes ambitions. Cela ne m’empêche pas d’être un viking opiniâtre lorsque la situation s’y prête.
Je voue une grande dévotion aux dieux, à mon peuple et à mon île natale. Certains pourraient dire que je suis dévoué à mon Jarl, en effet, je ne montre aucune hostilité envers les seigneurs de Visby. Je ne me fais pas remarquer par ces derniers uniquement pour servir mon but, je libérerai l’île de Gotland du joug des continentaux. Politiquement parlant, je sais que le Jarl s’affaiblit, son frère n’est pas digne de régner, trop fourbe et sa fille, trop jeune à mon goût. Cela me motive d’autant plus à me rebeller pour la gloire de mes frères et sœurs du Gotland !
Qualités : discret, observateur, habile,  érudit, charismatique, dévoué.
Défauts : prudent (trop), opportuniste, ambitieux, méfiant, opiniâtre, pointilleux.

1. L’une des choses les plus marquantes de mon enfance dont je me souvienne est la cérémonie d’exécution d’un assassin. Un fou ambitieux qui avait tué plusieurs notables et qui voulut s’en prendre au Jarl. Malheureusement pour lui, s’en prendre a un personnage d’une telle importance n’était pas aussi facile que de massacrer de riches marchands aux capacités martiales limitées. L’homme fut arrêté par les gardes du seigneur de Visby et condamné à la sentence du blóðörn. Il se trouvait que j’accompagnais mon père pour son travail et nous arrivâmes la veille du cérémonial auquel nous fûmes conviés. Je me souviens du silence pesant, des torches qui brûlaient dans la pénombre. Lorsque l’application du châtiment débuta, les hurlements du supplicié se firent entendre et son visage se déformait sous l’impulsion de la douleur et de la terreur que l’on pouvait lire dans ses yeux. Quand tout fut terminé, la place fut nettoyée mais, le sang avait imprégné le sol et on n’avait pas tenté de le cacher comme pour rappeler ce qui attendait les inconscients voulant s’en prendre au Jarl.
2. Le premier Thing, l’événement le plus important pour un jeune viking, l’instant où il passe du statut d’enfant à celui d’homme et qui lui donne le droit de voter pour les prises de décisions communes. Ce fut donc lors de ma treizième année que je devins un adulte parmi les Boengr en échange d’un serment de fidélité à un homme se considérant comme mon chef. S’ensuivit les délibérations au sujet des différentes décisions à prendre pour les raids, le commerce et la juste. Pour terminer cette journée, un somptueux banquet récompenser les braves présents en ce jour. L’alcool coulait à flot en ce jour de réjouissance et bardes chantaient et contaient les louanges des Dieux et de nos Héros. Je ne me souviens plus tellement de ce moment, les liqueurs ayant effacés les détails de mon passage à l’âge adulte.
3. Mon père un batelier reconnu en Gotland voulait que je suive ses traces et c’est ainsi que j’ai appris l’art et la manière de construire les bateaux. Cependant, étant enfant, je rêvais déjà de voyages et de grandeur. Je me faufilais dans les tavernes et me cachais dans les recoins obscurs pour écouter les conversations des guerriers et les récits des commerçants qui parcouraient les lointaines contrées. Mon géniteur connaissait mon goût de l’aventure mais ne l’approuvait guère. Je peux le comprendre aujourd’hui, il avait subi de multiples blessures lors de raids et avait perdu bon nombre d’amis ce qui l’avait convaincu de ne plus participer aux expéditions. Malheureusement pour lui, je ne peux m’empêcher de parcourir le monde et de piller villes et villages avec mes frères d’armes.
4. Comme tout viking, j’ai appris à manier les armes et à me battre selon nos techniques ancestrales. Je me suis entraîné avec les meilleurs guerriers de l’île de Gotland qui sont reconnus pour faire partis des plus puissants et plus acharnés combattants du royaume de Svitjod. Avec les années, j’ai choisit mes armes : je ne me bats qu’avec deux haches simples. Elles sont légères et me permettent d’être plus rapide que mes ennemis. C’est d’ailleurs pour cela que je ne porte qu’une armure de cuir renforcée, elle est résistante mais légère contrairement aux armures de fer et cottes de mailles que portent mes ennemis ou certain de mes semblables. La surprise et la vitesse sont mes atouts et m’ont permis de me sortir de bon nombre de situations compliquées. Je me souviens de la première fois où j’ai tenu une arme, c’était l’épée de mon père, une lame robuste et recouverte d’entailles. Mon géniteur m’avait expliqué que chacune de ces marques correspondaient à un raid auquel il s’était joint.
5. Lors d’un raid loin à l’est, j’ai subi ma première et plus marquante blessure. Selon le Jarl, cette attaque devait être une formalité et il décida de n’envoyer que deux groupes de guerriers. Bien entendu ce ne sont pas les guerriers continentaux qui ont étaient choisis mais ceux de ma terre natale. Comme à notre habitude, nous avions débarqués non loin d’un village par temps de brouillard. La décision fut prise d’attaquer de nuit car la cible de notre assaut comportait une forte population. Nous nous sommes approchés furtivement et une fois à bonne distance, nous avons déferlés en égorgeant les sentinelles et pensant que la majeure partie des habitants étaient endormis. Une fois entrés dans le bourg, nous fûmes encerclés par nombre d’hommes en armes. Pris au piège, la bataille fut acharnée, je vis mes amis se faire tuer et il aurait pu en être de même pour moi. Lors de notre retraite, je me suis retrouvé face à deux immenses combattants bien armés et protégés par d’épaisses armures. Durant le combat, l’une de mes haches se brisa sous un coup puissant qui manqua de me trancher la tête en deux. Par chance, j’eu le réflexe de me reculer, la lame de mon adversaire m’infligea une vilaine blessure à l’œil droit que je failli perdre. Peu d’entre nous rentrèrent sain et sauf et malgré cela, le Jarl nous infligea des pénalités et nous fûmes punis pour notre échec.
6. Parmi les histoires qui me concernent, il en est une que je ne raconte pas souvent, celle de la mort de mes parents. J’avais déjà une vingtaine d’années quand cela s’est passé, j’étais en voyage dans des contré éloignée. J’ai appris la nouvelle en rentrant au pays par des amis. Mes parents étaient en voyage à Visby, convoqués par le Jarl Siegried. Mon géniteur m’avait parlé d’un contrat d’exclusivité, notre seigneur voulait que ma famille construise uniquement des bateaux pour notre pays alors que jusque là nos bateaux étaient exportés partout en Scandinavie. Il était hors de question pour mon paternel d’accepter cette offre, il voulait être libre de commercer avec qui il avait envie. Mes parents quittèrent Visby le lendemain de la négociation mais ils ne rentrèrent jamais chez eux, ils ont soit disant étaient tués par des bandits sur la route du retour. Pour ma part, je ne suis pas dupe, je sais qui est derrière tout ça. Il n’admettra jamais sa trahison envers ma famille qui lui a toujours été fidèle, le Jarl de Visby, non content de la réponse de mon père a décidé de le faire tuer.
7. La mort, douce maitresse des guerriers et cause des souffrances des veuves, la côtoyer au quotidien est tout aussi dangereux que de la penser loin de soit. Il semble facile de la donner quand on n’a pas vécu l’expérience du sang, des membres qui craquent sous les coups et les hurlements de douleur de la victime poussant son dernier souffle. Pour ma part, je n’eus guerre le choix, la première fois que je dus tuer un homme fut lors d’une traque aux traitres. Øystein Reginson, le frère du Jarl, cherchais quelques braves pour poursuivre des voleurs qui voulaient fuir leur punition. Ils n’avaient pas fait que voler, ils s’étaient avéré que ces hommes entretenaient des relations avec des seigneurs des pays frontaliers qui cherchaient à renverser le gouvernement de Visby. A cette époque, je parcourais le continent à la recherche de nouvelles connaissances et avec la fougue de ma prime jeunesse, je prenais plaisir à parcourir les contrées qui m’étaient étrangères. En quête d’aventures, j’avais alors accepté de participer aux poursuites. Une affaire somme toute banale qui aurait pu être réglée plus rapidement si nos cibles ne s’étaient pas acoquinées avec quelques bandits. Lorsqu’il fallut les neutraliser, je fus pris à parti par un bougre armé d’un coutelas qui pensait sûrement que je n’étais qu’un jeune sans défense. Tout se déroula très rapidement, pris dans l’action, j’évitais son estocade et lui fendit le crâne d’un coup de hache. Le sang gicla sur mon visage, l’odeur me surpris et le goût ferreux me dégouta au plus haut point. Ce ne fut pas cela le pire, sur le chemin du retour, je ne cessais de me torturer l’esprit à cause de ce que je venais de faire. Puis, avec le temps, cela passa même si on ne s’habitue jamais vraiment à la mort.
8. Bien que je ne manque pas de ressources pécuniaires, j’apprécie me fournir moi-même ma nourriture. Malgré le fait que j’habite sur une île et que j’aime la mer nourricière, je préfère largement la chasse et ses subtilités. Pister sa proie, la traquer jusqu’à l’avoir à porter de flèche pour enfin l’abattre et récupérer le fruit de ce dur labeur. Je ne me contente pas de tuer ma proie pour récupérer sa viande, je réserve une partie de mon butin aux dieux et je récupère la peau pour la revendre aux tanneurs. Cela me rappelle une de mes nombreuses aventures solitaires, deux longues journées qui mirent à mal ma persévérance et mes compétences de chasseurs. Un cerf aux bois volumineux et plus rapide que jamais était la raison de ce périple, il avait l’ouïe plus fine que la plupart de ses congénères faisant partis de mon tableau de chasse. Je finis par perdre sa trace, pensant que ma course s’arrêtait là, je fus surpris par un ours. Il n’avait pas l’air très jeune mais un seul coup de ses immenses pâtes suffirait à me tuer. J’eus à peine le temps de décocher deux flèches, dont l’une manqua sa cible, que la bête se trouva sur moi. Par chance, la bête ne semblait pas très assurée sur ce terrain accidenté, je pus éviter de justesse ses griffes acérées et asséné un premier coup sur le flanc de l’animal. Un grognement sourd sortit de la gueule de l’ursidé qui ne se fit pas prier pour riposter, le coup me projeta et je terminai ma course contre un arbre. Le monstre se tenait debout face à moi lorsque je me relevai d’un bond pour lui porter un coup descendant qui l’entailla de la gorge au bas du ventre. C’est grâce à cela que je pus prendre mes jambes à mon coup, j’étais brave certes mais pas suicidaire.
9. Je suis actuellement célibataire et sans famille, ce ne fut pas toujours le cas, je ne suis pas un grand romantique. Bien que fortement attiré par les femmes, je ne suis pas homme à prendre épouse enfin pour le moment. J’ai cependant connu une histoire sentimentale avec une belle blonde, femme aux yeux d’un bleu azuré et à l’allure fière commune aux scandinaves. Elle avait conquis mon cœur lors d’un banquet, nous étions jeunes et inconscients. N’étant pas de même condition, notre relation était vouée à l’échec mais, nous avions décidés de vivre notre passion à l’encontre des règles. Je n’avais jamais ressenti de telles émotions, une telle envie pour une même personne. Lorsque son père découvrit la chose, il voulut nous punir tous les deux en nous soumettant à la justice du Jarl. Par chance, mon géniteur et lui purent s’arranger mais, plus jamais je ne revis ma belle. On raconte qu’ils mirent voile vers un autre pays mais que leur embarcation sombra lors du voyage. Je ne sais pas ce qu’il en fut réellement, toujours est-il que depuis, j’ai fermé mon cœur pour m’éviter d’autres souffrances.  
10. Tout jeune, je suis tombé dans le monde des dieux, mon père a toujours vénéré Njörd de son vivant. Quoi de plus normal pour un batelier vivant sur une île de pêcheurs me direz vous… J’ai toujours vécu dans les pures traditions vikings et dans le plus grand respect des divinités que j’admire. Le dieu de la mer a longtemps été mon préféré car il m’a souvent porté chance lors de mes voyages. Puis vient Odin, créateur des hommes, dieu de la sagesse que chacun convoite et de la guerre que tout viking est amené à connaître. Enfin, Thor dieu du tonnerre tout puissant  qui gronde dans le cœur des guerriers et de la force qui lui permet de vaincre ses ennemis. Ces trois divinités forment mon panthéon personnel, je les vénère à un tel point que mes bras et le haut de mon dos sont recouverts de tatouages à leur gloire. Chaque jour, ces marques me rappellent les préceptes que j’ai choisis de suivre il y a bien longtemps. Je me souviens avoir enduré courageusement la douleur lorsque ces marques furent gravées à jamais sur ma peau, c’était peu de temps après la mort de mes parents. Je vénère bien entendu les autres déités de ma culture car chacune a son importance dans l’équilibre du monde même si, cela ne m’empêche pas de penser que nos actes forgent avant tout notre destinée.